Le Moine au bord de la mer . Tableaux de Caspard David Friedrich
Aux portes de l'Abbaye démantelée une forêt sacrée et bien plus loin la mer qui gronde .
Passé le porche se dessine un improbable chemin.
Les ruines grises
se fondent dans la brume
l'espoir ancré
Loin des déviances et des haines du monde, un moine sur le rivage s'imprègne des clameurs de la vague et du vent. Sa prière se noie dans la masse perpétuelle, dans le tumulte et les embruns... L'univers se transforme et broie, l'avenir s'est obscurci.
En son âme
Il a cru au miracle
il s'interroge
Il y aura toujours un coin de ciel bleu, un matin illuminé, une réponse se dit-il. Je dois partager ce monde avec ceux qui se sentent perdus, leur insuffler de la force.
Combien de marches à monter, de chemin escarpé à grimper se dit-elle, ce n'est pas si facile, il fait encore chaud, mais je veux y aller, je veux tout voir, admirer cette merveille du Luberon .Le comte de Toulouse y édifia son château du XIII ème siècle, une forteresse, en ruines à présent qui domine le Vaucluse avec son église Notre Dame d'Alidon.
Les pierres disjointes
s'élèvent dans la colline
nimbée de soleil
Oppède le Vieux boit les rayons
d'un soleil inaltérable
Au coeur des Alpilles, la cité médiévale était à découvrir, autrement qu'en lectures, je l'avais rêvé ce superbe village où Consuelo de Saint-Exupéry originaire du Salvador, se réfugia pendant la guerre, en 1942, avec d'autres artistes résistants, elle fréquentait à Paris les peintres de l'époque, A son retour en France Antoine l'y rejoignit .
Perchée sur son piton
une cité en ruine
fière et imposante
Consuelo la découvrit
et s'en émerveilla
Elle fut si éblouie qu'elle promit à son mari Antoine de Saint Exupéry d'écrire un livre, ce qu'elle fit et Antoine de Saint-Exupéry a écrit la Préface. Je l'ai lu il y a très longtemps, d'où mon envie de découvrir ce lieu magnifique.
Ici il a aimé
Il vint le grand pilote
père du Petit prince
8 Fevrier 2022
« Nous montions en silence dans le soir lumineux. J'entrais dans un pays nouveau, mon cœur battait. Je sentais que celui qui arrive à Oppède doit être touché soit par la grâce, soit par le feu..»
Chez Gallimard, Oppède de Consuelo de Saint-Exupéry
Publié sur Dans les voiles en 2016 avec les photos du site
Mes pas résonnent dans la bourgade endormie, je cherche une porte ouverte, un passant qui vaque à ses occupations, l'ombre d'un chat, un potager bienveillant, l'odeur du feu de bois, vers une fenêtre je lève le regard...
Volets vermoulus
le temps a fait son œuvre
la maison est vide
Depuis longtemps elle est partie la petite mamie, oubliée de tous, la fenêtre est close et les contrevents sont fermés, plus un bruit dans l'étroite ruelle, rien ne reste des sons familiers, des rires et des jeux d'enfants.
Comme des piafs
ils venaient en vacances
chauds d'amour
Le village entier a perdu son âme, plus de commerce, plus de travail, peu de vie, pourtant on parle de retour à la terre, de familles qui rêvent de vie simple, de calme et de campagne...
Crêpes et merveilles
embaumaient la cuisine
ravissant les petits
La vieille demeure se prend à rêver de renouveau, de courses dans les escaliers, de terrasse fleurie, de balançoires et de poules qui caquettent au jardin....
Notre belle Adour a débordé, encore une fois à l'issue d'un déluge qui a détrempé terres et vallons. Venue des montagnes pyrénéennes elle a coulé vive ou tranquille dans les vallées pour, bien plus tard, atteindre l'océan. Elle accueille dans ses méandres pêcheurs, oiseaux et amoureux de la nature.
Gorgée de lacs bleus
de trois torrents assemblés
pleine de vaillance
Aux portes d'Aire sur Adour, la rivière reçoit le eaux du Lees qui baigne de ses vertes courbes notre Vic-Bilh lumineux, et hop elle dévale et inonde champs, routes et fossés, coupe les communications et nous oblige à chercher des passages moins périlleux.
Plus tard les gaves du Lavedan, du Haut-Béarn et du Pays basque lui apporteront leurs eaux vives, leurs frayères à saumon revenus dans leur lieu de naissance, tout comme les anguilles. Connus pour leurs « barthes » ces marais riches et giboyeux terres d'inondations et de pâturages, où se côtoient le fameux poney landais et les petites vaches tout terrain.
Après le Gers
les Landes s'en souviennent
de Tartas à Dax
A Bayonne, Adour et Nive se rejoignent avant d'aller se jeter dans l'océan à La Barre, elle a charrié tant d'eaux vives, de petits ruisseaux, déposé ses nappes de limon, mais rien ne l'arrête et finalement elle redeviendra les orages passés ce fleuve plein de charme qu'ont chanté les poètes et les troubadours locaux...
Derrière la grange s'étale un grand cyprès de l'Atlas, il abrite un petit peuple de lutins bleus et ronds, qui nagent dans la verdure comme des bouchons sur l'eau
Ils s'agitent au moindre souffle, au moindre battement d'ailes, et quand croassent les corneilles ils se rassemblent face à cet oiseau de noir vêtu...
Un nid de tourterelles
dans un creux des branches
accueille un tourtereau
Le petit peuple au grand cœur , brusquement s'est rassemblé, les corneilles voulaient attaquer le nid, mais il se sont alors agités si fort que les oiseaux lugubres se sont envolés
Enfant, je te montrerai les mille marguerites qui dansent au pré voisin, elles abritent des fourmis, des grillons, l'écureuil qui fouine, l'abeille courageuse, les futurs nids et les nouveaux, le bouton d'or et le trèfle odorant...
Nous verrons le lièvre
bondir entre les herbes
dans la rosée
Nous monterons sur la butte nous asseoir sur le vieux banc bien caché sous le cerisier et la glycine, à l'abri des regards, j'écouterai tinter tes rires et le chat siamois, nous rejoindra
Se lèvera
un vent venu de l'ouest
frisant tes boucles
léger comme une plume
au parfum d'acacia
Il ne reste que des images de la vie, de l'avant, des tendresses et des jeux, nos lunes ont subi les tempêtes
Les musiques résonnent en nous, il y aura de nouveaux printemps, d'autres marguerites, il le faudra, d'autres enfants, d'autres vies...
Entre les rais de lumière et l'ombre du doute, fermer les yeux, ouvrir les écoutilles, entendre le souffle du temps qui passe, se prélasser au soleil pâle d'un matin de février, écoper toutes les cameligues...
Couleurs diffuses
quand tout l'horizon nous englobe
dans la soierie des désirs
Rien ne compte, rien ne transparait dans le silence voulu, se lover et attendre que le monde prenne un semblant de raison, que le ciel se fende, inspirer, inventer une autre musique, s'évaporer...
Franchir l'invisible
aller cueillir l'être éternel
et les étoiles
* Cameligue ou camaligue en gascon, c'est tout ce qui pend derrières nous, les rubans, les ficelles, les insignes, les haillons, les complications, au départ c'était la jarretière, (jambe liée)
Création d'Adamante pour le n° 128 de l'Herbier de poésie
Aux greniers dans les vieux placards, sous les échelles et les malles vides les souris et les rats dorment encore, les matous veillent...
Dansent les chats
sous l'orange de la lampe
j'écoute la nuit
Les heures avancent, je ne dors pas, je perçois des froissements, des glissements...
Ronde colorée
la queue en périscope
le chaton gambade
Il est trois heures, dehors les fracas de la ville ont cessé, j'entend les sarabandes nocturnes et tous ces chat-rivaris, dans mes oreilles Harvest Moon balance ses airs d'harmonica
Nous avons cueilli le muguet de mai, la-la-lère, sous la pluie, comme l'escargot on a eu les pieds mouillés, puis le soleil si capricieux est revenu,
il faudra oublier les manifestations, les affrontements, les pavés, la fumée, les insultes, un instant devant un verre à une terrasse de café...
Je cherche un abri
Il se passe des choses
dans ce jardin
La pluie et le soleil jouent à cache-cache, le mulot a squatté l'azalée, l'oiseau fuit les hommes, l'abeille aussi, toutes les nouvelles sans exception sont mauvaises, chacun y met son grain de sel, nos concitoyens ont perdu tout optimisme et le gout du bonheur
Les pavés volent
c'est la chienlit dans la ville
une fois de plus
Je sais vous allez me dire que rien n'est perdu, qu'il suffit de garder espoir,
que le ciel gaulois a une grande réserve de bleu, qu'il faut y croire...